Dernière mise à jour le 3 janvier 2024 par Enquêtes & énigmes
Les offrandes alimentaires destinées aux morts bénéficient d’une abondante documentation pour ce qui concerne l’Égypte antique. Formules funéraires, tables chargées de victuailles, restes de nourriture présents dans les tombes des notables égyptiens, enquête sur le repas des morts.
Pourquoi le défunt bénéficie-t-il d’offrandes alimentaires en Égypte ancienne ?
Les sources archéologiques et historiques les plus abondantes permettant d’aborder cette question sont celles de la période du Nouvel Empire (environ 1500 – 1000 av. notre ère).
Des formules pour revenir de l’au-delà et se nourrir
Les sources hiéroglyphiques nous apprennent que, par delà la mort, les Égyptiens de l’Antiquité ont deux objectifs.
Le premier est de nourrir leur ka. Cette essence du défunt est en quelque sorte ce qui caractérise son souvenir sur terre, ce qui doit être entretenu et nourri dans le monde des vivants, notamment par les membres de la famille. C’est la composante du défunt qui reçoit le culte.
Le deuxième objectif est d’alimenter leur ba. Il s’agit de la manifestation du mort capable de quitter le monde de l’au-delà, celui des dieux, pour rejoindre le monde des vivants. C’est une fois le rituel de l’Ouverture de la bouche effectué que le ba du défunt peut se nourrir dans le monde des vivants. Plongez-vous dans Abomination au temple de Ptah pour en savoir plus.
Afin que le défunt puisse se nourrir des offrandes funéraires, les prêtres prononcent différentes formules et prières. Elles permettent de l’aider à sortir de l’au-delà et le guident vers la nourriture.
La pr.t-ḫrw par exemple, qui signifie « sortie à la voix », la voix du prêtre, est une prière, une invocation. Elle incite le ba du défunt à venir se nourrir des offrandes qui lui sont présentées. Cette formule se trouve régulièrement inscrite sur les éléments funéraires : stèles, tombes, tables d’offrandes.
Dans cette invocation, différents hiéroglyphes représentent les aliments dont peut se nourrir le mort : pain, bière, bœuf, volaille et « toute chose bonne et pure ».
Les représentations des offrandes alimentaires
À quoi ressemblent les offrandes alimentaires funéraires ? Les innombrables tombes antiques découvertes en Égypte abritent des représentations concrètes des aliments consommés par les anciens Égyptiens. Si le pain, le poisson et la bière sont les éléments principaux du régime alimentaire des plus modestes, dans la mort, tous les délices sont permis ; il suffit de les figurer.
Sur cette table d’offrandes, des pains de différentes formes se trouvent au registre bas. Plusieurs pièces de viande sont présentes au registre médian. On distingue une tête de veau, de la volaille et, au premier plan, une patte de bovidé. Au registre supérieur, on reconnaît des légumes ainsi que des pots contenant des boissons : vin, bière, lait…
Des restes alimentaires découverts dans les tombes de notables
Les scènes de processions funéraires montrent que le défunt souhaite s’équiper d’un abondant mobilier pour sa vie dans l’au-delà. S’approvisionner en nourriture est tout aussi indispensable.
De fait, des aliments sont présents dans les tombes des Égyptiens les plus fortunés.
Ce panier de provisions provient de la tombe des époux Hatnefer et Ramosé. Il contenait des dattes, des grains de raisins et différentes sortes de pains.
Plus aller plus loin
- Pierre Tallet, La Cuisine des pharaons, éditions Actes Sud, 2003.*
- Madeleine Peters-Destéract, Pain, bière et toutes bonnes choses… L’alimentation dans l’Égypte ancienne, éditions du Rocher, 2005.
- Jan Assmann, Mort et au-delà dans l’Égypte ancienne, éditions du Rocher, 2003.
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