L’atelier d’embaumement en Égypte ancienne

Dernière mise à jour le 5 avril 2022 par Enquêtes & énigmes

L'atelier d'embaumement de l'Egypte ancienne a alimenté l'imaginaire de nombreux artistes. Pour en apprendre davantage, RDV dans l'ebook Abomination au temple de Ptah.
A mummy factory New York Public Library Digital Collections. The Miriam and Ira D. Wallach Division of Art, Prints and Photographs: Picture Collection, The New York Public Library.

Les momies découvertes par milliers en Égypte ont alimenté l’imaginaire des écrivains et des scénaristes… et pas uniquement. Que sait-on du lieu de « fabrication » de ces momies ? Un atelier d’embaumement découvert récemment apporte un complément d’information.

Embaumement pour l’éternité

Préparer le corps pour qu’il se conserve après la mort était une préoccupation constante des anciens Égyptiens.

C’est quoi une momie ?

Un cadavre desséché, enveloppé de bandelettes ? Concrètement, oui. Le terme momie, mūmiyāʾ en arabe, dérive du persan mūm, « cire », une composante de la conservation du corps. Car c’est bien le but de la momification, préserver le corps sur terre après la mort.

Cette pratique funéraire suit, pour les plus riches, un processus bien défini connu grâce au Rituel de l’Embaumement. Un prêtre récitait ce rituel durant l’exécution du travail des embaumeurs, qui consistait en plusieurs opérations : éviscération, placement des organes dans les vases dits « canopes », lavement de la cavité abdominale ensuite remplie de tissus, de natron, de myrrhe, de térébinthe et autres aromates. Le cerveau et le cœur étaient laissés dans le corps selon les époques. Les embaumeurs plaçaient ensuite la dépouille dans le natron pour la faire dessécher, puis la plongeaient dans un bain d’huile ou de résine.

Le corps recevait les dernières huiles et onguents avant que ne commence l’emmaillotement. Les bandelettes étaient imprégnées de résines, de cires et de gommes pour une meilleure adhésion. Les embaumeurs les enroulaient autour du cadavre, ce qui permettait de maintenir les amulettes protectrices placées à différents endroits. L’exécution de ces opérations pouvait durer 70 jours.

Les amulettes protectrices sont placées sur le corps dans l'atelier d'embaumement.
Amulette en forme de doigts à l’origine placée sur l’incision par laquelle les embaumeurs pratiquaient l’éviscération, Brooklyn Museum n°inv. 74.158.

Les embaumeurs remettaient ensuite à la famille le corps du défunt, que les Égyptiens nommaient sʿḥ « sâh », pour recevoir le Rituel de l’Ouverture de la bouche. Un rituel à découvrir dans le chapitre « L’Histoire dans la fiction » de notre ebook Abomination au temple de Ptah.

Découverte d’un atelier d’embaumement à Saqqara

En mai 2020, le ministère du tourisme et des antiquités d’Égypte a fait part des dernières découvertes d’une mission égypto-allemande sur le site de Saqqara. Parmi celles-ci se trouvait un ensemble de structures exploré dès 2018 et identifié comme un atelier d’embaumement.

Au-dessus d’un puits funéraire, les archéologues découvrirent les restes d’une construction en briques crues et en blocs de calcaire. Ils purent identifier deux larges bassins servant à dessécher les dépouilles dans le natron et à préparer le « bandelettage » des corps.

Au fond d’un autre puits, profond de 13 m et débouchant sur une chambre, les archéologues mirent au jour diverses pièces de poterie utilisées pour les huiles et le matériel d’embaumement.

Les travaux menés en laboratoire et la poursuite des fouilles ont permis d’apporter de nouveaux éléments. Ainsi, les analyses chimiques ont montré que les pièces de poterie contenaient des résidus d’huiles et de résines de cèdre, de pistache, de la cire d’abeille…

Un complexe funéraire composé de plusieurs chambres complétait la découverte. L’ensemble daterait de la 26e dynastie (env. 664-525 av. notre ère).

Ce complexe était dédié à l’inhumation de prêtres et de prêtresses de la déesse serpent Niout-ché-ès (Njw.t-š-s). Une déesse qui intervient notamment dans le Rituel de l’Ouverture de la bouche.

Dans l'atelier d'embaumement, on plaçait les viscères dans les vases canopes.
Vase canope datant de la 26e dynastie, The Cleveland Museum of Art n° inv. 1921.1019

Fait étrange, une des prêtresses dispose de 6 vases canopes au lieu des 4 traditionnels contenant le foie, l’estomac, les poumons et les intestins. Les recherches se poursuivent…

Pour aller plus loin 

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